L’une des fêtes d’automne les plus importantes et les plus internationales a lieu avant le début du mois de novembre, Halloween – dont il est impossible de ne pas remarquer l’arrivée – qui vient du concept All Hallows Eve (la nuit de tous les saints). C’est grâce au cinéma et à la télévision que cette fête anglo-saxonne est devenue si populaire dans les années quatre-vingts dont nous avons adopté les coutumes et les rituels typiquement américains. « Des bonbons ou un sort », ça vous dit quelque chose ? Mais… Et si nous disions « Mà morta, mà morta… pica a la porta ! » ou « paga o plora » ?
Historiquement, il existe sur notre île une tradition d’approche de la mort et des défunts qui n’a pas grand-chose à voir avec les sorcières, les costumes et les montagnes de sucre. Il s’agit de la Nit de les Ànimes (La nuit des âmes, 31 octobre), de Tot Sants (Toussaint, 1er novembre), de la Vigília de morts (Vigile des défunts, 1er novembre) et du Dia de morts (Défunts, 2 novembre). Les histoires de zombies et de vampires cèdent la place, dans le calendrier traditionnel, à des rituels collectifs, dont les plus populaires sont les visites aux cimetières ou les chapelets de bonbons offerts aux enfants.
Le 1er novembre coïncide avec l’arrivée du froid, une période de recueillement considérée comme propice pour penser à ceux qui ne sont plus là et aussi pour regarder la mort en face afin de vivre plus intensément. Autrefois, il était de coutume à Majorque de travailler sur la relation avec la mort en faisant des offrandes aux défunts et d’autres rituels funéraires tels que le nettoyage et l’embellissement des tombes. Les histoires de deuil sont également évoquées et les parrains et marraines offrent à leurs filleuls un chapelet de massepain, de fruits confits et séchés ou de panets de mort (petits pains sucrés), en forme de linceul.
Il n’y a pas de défilés costumés à Majorque pour la Nit de les Ànimes. Bien qu’il existât une tradition de fer bubotes (apparitions de jeunes gens enveloppés dans des draps pour effrayer les gens) pendant l’automne et l’hiver, le faire lors des premiers jours de novembre était considéré comme une offense. Les citrouilles, omniprésentes à Halloween, étaient également utilisées comme lanternes dans les maisons majorquines (bien que les pastèques et les melons étaient utilisés des mois auparavant). Il était d’usage de les découper en forme de visage et de placer des bougies à l’intérieur avant de les placer aux fenêtres. Les lumières de ce jour servaient à guider les âmes qui rentraient chez elles pour rendre visite aux vivants, à qui on laissait un plat sur la table, un feu pour les réchauffer et même un lit préparé pour qu’elles se reposent. De petits autels leur sont également dédiés.
Bien que la fête et les costumes ne soient pas caractéristiques de la Nit de les Ànimes, il existe des traces de certaines traditions qui nous rappellent qu’un certain esprit festif a été préservé. Par exemple, les ouvriers des plantations d’oliviers avaient l’habitude de quitter le village à minuit, en jouant des cloches et des cornes et en chantant.
Palma retrouve la Nit de les Ànimes (Nuit des âmes)
Le 28 octobre 2023, la 42e édition de Ratapinyada rendra hommage à la Nit de les Ànimes dans le Parc del Sagrat Cor avec un vaste programme d’activités pour les jeunes et les familles. De 18 à 21 heures, attendez-vous à des propositions fantaisistes et amusantes qui vous feront dresser les cheveux sur la tête.
Comme vous pouvez le constater, la célébration de la rencontre avec l’au-delà est quelque chose d’universel (mentionnons également le « Jour des morts » mexicain, avec des offrandes spectaculaires et colorées). Finalement, la mort fait partie de la vie et, en tant que telle, il appartient à chacun de décider comment la célébrer.
